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PATHOLOGIES NEUROMUSCULAIRES |
Justification à ce chapitre, ou à certains paragraphes
: Le but de la reproduction ici de certaines notions sur les Pathologies
Neuromusculaires est de sensibiliser le lecteur à la littérature
très récente portant sur ces pathologies. Cette pathologie est toute aussi vraie quune fracture de jambe ou quune brûlure du troisième degré, mais elle nest pas visualisable. LAssociation défend le droit du patient au respect et à la vérité sur les troubles chroniques, invalidants et incurables quil présente : point de départ, origine de ces troubles, nature de ces troubles.
P. GAJDOS, J. C. RAPHAEL
Le but de ce livre est de fournir des informations simples sur les principes
de la prise en charge des patients atteints dune maladie neuromusculaire
subaiguë ou chronique, compliquée dune atteinte plus
ou moins sévère des muscles respiratoires (
) description
des maladies aiguës (syndrome de Guillain-Barré, formes
chroniques de polyradiculonévrites, myasthénie et syndrome
myasthéniforme, atteinte musculaire aiguë détiologie
diverse). Cette description est précédée dun
article important et original consacré à lévaluation
clinique et paraclinique de ces patients dans le contexte particulier
dun service de réanimation.
Lexpérience montre en effet que la majorité des
cliniciens sont désemparés de vant ces malades.
T. SHARSHAR Diverses pathologies neuromusculaires périphériques peuvent soit conduire un patient à être hospitalisé en réanimation (affections neuromusculaires primitives), notamment pour une insuffisance respiratoire aiguë, soit être acquises lors dun séjour en réanimation (affections neuromusculaires acquises). Examen neurologique
Dans le cadre restreint des affections neuromusculaires, lexamen
neurologique comportera, essentiellement, létude de la
motilité, des réflexes ostéotendineux et cutanés,
des muscles, des différentes sensibilités et des nerfs
crâniens. Méthode qualitative La cotation fonctionnelle est un outil dévaluation neurologique indispensable pour le suivi des patients. Le choix des fonctions à tester dépend de chaque affection neuromusculaire. Le praticien pourra saider de scores fonctionnels, soit spécifiques soit ceux utilisés au cours du syndrome de Guillain-Barré et qui nous semblent applicables à de nombreuses pathologies neuromusculaires périphériques. Il sagit de léchelle de handicap, de léchelle fonctionnelle des membres supérieurs. ( ) Aptitudes fonctionnelles des patients. Examen du tonus musculaire et des réflexes ostéotendineux et cutanés Létude du tonus et des réflexes ostéotendineux impose un relâchement musculaire le plus complet possible. Lhypotonie saccompagne dune exagération de lamplitude des mouvements et dune augmentation du ballant. On indiquera lintensité des réflexes (abolis, diminués, normaux ou vifs) et sils possèdent un caractère pyramidal. On étudiera systématiquement le réflexe cutané plantaire. Interprétation des symptômes En raison de la fluctuation des symptômes neurologiques, notamment des réponses motrices, cet examen mérite dêtre renouvelé à distance, avant de conclure hâtivement à un déficit neurologique.
Notre but nest pas de faire du catastrophisme lorsque nous portons à la connaissance du lecteur ce qui est publié sur les pathologies neuromusculaires. LAssociation a pour souci principal le respect des patients qui passe nécessairement par déjà la reconnaissance de leur problématique de santé. Limpuissance de la médecine à ce jour face à ces syndromes est une réalité, lidentification et la reconnaissance de cette pathologie (à des degrés variables, avec des répercussions fonctionnelles diverses) chez les patients est un autre point.
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En dehors de leurs caractéristiques propres, les syndromes neurologiques périphériques ont en commun labsence de signes pyramidaux, les syndromes myasthéniques et myogènes labsence de troubles de la sensibilité. Caractéristiques cliniques du déficit moteur au cours des différents syndromes neurologiques : dans les syndromes myasthéniques : fatigabilité, déficit moteur fluctuant, hypotonique (extrait dun tableau que nous ne reproduisons pas ici).
Sémiologie des syndromes myasthéniques Ils résultent dun dysfonctionnement de la jonction neuromusculaire. ( ) La fatigabilité musculaire est hautement évocatrice des syndromes myasthéniques et se caractérise par un épuisement ou plus rarement par une augmentation (potentialisation) de la force musculaire au cours dun effort itératif ou maintenu.
Cette partie a été traitée sur le Site dans le Chapitre sur la Respiration - Insuffisances respiratoires.
J. C. RAPHAEL Les polyradiculonévrites (PRN) regroupent un ensemble de maladies neurologiques qui provoquent un déficit moteur de type périphérique, bilatéral, symétrique ( ) Les formes aiguës, dont la manifestation la plus fréquente est le syndrome de Guillain-Barré.
Arguments en faveur de la théorie infectieuse Si la description et les conséquences cliniques et électrophysiologiques de la démyélinisation sont bien établies, la ou les raisons qui déclenchent ce processus restent hypothétiques. La théorie infectieuse repose sur un fait clinique bien connu qui est que les premiers signes neurologiques sont précédés, dans environ 60 % des cas, dun épisode infectieux dallure virale. Les tableaux cliniques les plus fréquents sont une infection des voies aériennes supérieures, des troubles digestifs non spécifiques. Dans 10 % supplémentaires, on note lexistence dun acte chirurgical, dune sérothérapie ou dune vaccination. Description clinique
- Phase prodromique, Principes de la prise en charge thérapeutique
Mesures symptomatiques - (
) Les équipes soignantes ne sont
peut-être pas suffisamment averties de langoisse légitime
quéprouvent ces patients et leurs familles (
) différentes
étapes de la maladie. (
)
Bien que leur physiopathologie reste ignorée, il est très probable que des mécanismes immunitaires soient mis en jeu.
Polyradiculonévrites inflammatoires démyélinisantes
chroniques (PIDC)
P. GADJOS
Les porphyries sont des maladies caractérisées par un
trouble du métabolisme des porphyrines. (
) Les plus courantes
sont les porphyries dites hépatiques.
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P. GAJDOS La myasthénie et les syndromes myasthéniques regroupent des maladies provoquées par un dysfonctionnement, acquis ou héréditaire, de la jonction neuromusculaire. Ils ont en commun une symptomatologie de déficit musculaire dont lévolution est variable suivant létiologie. La myasthénie est la plus fréquemment rencontrée en réanimation en raison de sa prévalence et des poussées aiguës menaçant le pronostic vital quelle provoque. Les syndromes myasthéniques sont plus rares et dévolution en général chronique mais ils peuvent parfois poser des problèmes diagnostiques et de prise en charge en réanimation.
La myasthénie (MG) est une maladie auto-immune caractérisée par un déficit des muscles volontaires. La maladie évolue par poussées dont les plus sévères, appelées crises myasthéniques, entraînent une paralysie respiratoire dont le pronostic a été transformé par la ventilation mécanique. Ce chapitre est essentiellement consacré aux problèmes diagnostiques et thérapeutiques de ces crises myasthéniques après un rappel général sur la maladie. Signes cliniques
La myasthénie est caractérisée par une fatigabilité
musculaire fluctuante. Le déficit moteur apparaît ou saggrave
lors de leffort et satténue après une période
de repos. Son intensité est variable dun jour à
lautre et dun moment à lautre de la journée,
souvent plus marquée le soir. Tous les muscles squelettiques
peuvent être touchés. La nature des groupes musculaires
atteints et limportance de leur déficit varient beaucoup
dun malade à lautre et chez un même malade
au cours de lévolution. Diagnostic
Le diagnostic de myasthénie est en général évoqué
devant la variabilité du déficit et létendue
de latteinte musculaire. Il peut toutefois être difficile
à affirmer, des maladies neuromusculaires très diverses
étant susceptibles dinduire des tableaux semblables. Evaluation de létat du patient myasthénique
Les fluctuations qui caractérisent lévolution de
la myasthénie imposent dévaluer le déficit
de façon objective et reproductible. Plusieurs scores, faciles
à répéter, ont ainsi été proposés
pour quantifier la force musculaire. Leur variation constitue un bon
élément de surveillance à condition que les mesures
soient faites de façon rigoureuse et comparable (même horaire
dans la journée et par rapport à la prise danticholinestérasiques).
(
) Ce score de la force musculaire doit être complété
de façon systématique par une mesure de la capacité
vitale. Ces scores qui ne donnent quuun reflet ponctuel du déficit
permettent mal dapprécier le retentissement fonctionnel
de celui-ci. Des échelles fonctionnelles plus globales et prenant
en compte un intervalle de temps plus long sont donc nécessaires.
Cinq stades
peuvent ainsi être distingués :
La myasthénie débute le plus souvent par des signes oculaires,
plus rarement par un déficit oropharyngé ou un déficit
des membres. En dehors des myasthénies oculaires pures, la maladie
a tendance à saggraver progressivement, le maximum des
signes étant atteint avant la 3e année dans 84 % des cas.
Cette évolution est le plus souvent irrégulière,
entrecoupée de poussées, voire de crises myasthéniques,
suivies dune amélioration plus ou moins complète. Facteurs déclenchants - La survenue dune crise myasthénique est déclenchée dans 70 % des cas par un événement intercurrent. Le plus fréquent est une pathologie infectieuse, notamment une pneumopathie bactérienne ou virale sans quil y ait de correspondance entre sa gravité et le risque de crise.
Le signe majeur est la défaillance respiratoire. Celle-ci se manifeste par une respiration rapide, damplitude diminuée, souvent avec une orthopnée témoin de la paralysie diaphragmatique. Cette dernière est objectivée par labsence de gonflement du creux épigastrique à linspiration, voire par lexistence dune respiration paradoxale. Latteinte des muscles abdominaux entraîne une inefficacité de la toux. Un encombrement, conséquence de lhypersecrétion bronchique, des troubles de la déglutition, de linefficacité de la toux, aggrave fréquemment la défaillance respiratoire. La gravité de latteinte respiratoire est en fait souvent sous-estimée par lexamen clinique. Les gaz du sang sont également peu fiables dans cette situation. Ils ne permettent pas de dépister linsuffisance respiratoire de façon précoce. Lhypoxie et surtout lhypercapnie napparaissent en effet que tardivement et témoignent alors dune insuffisance respiratoire majeure avec risque darrêt respiratoire. La meilleure évaluation de la défaillance est donnée par la mesure répétée, au lit du malade, de la capacité vitale dont la baisse en dessous de 15 ml/kg représente la meilleure indication pour la ventilation mécanique. La mesure des pressions inspiratoire et expiratoire maximales statiques, qui donnent une indication sur la force des muscles respiratoires, peut également être utilisée. La paralysie des muscles respiratoires est associée dans 90 % des cas à une atteinte des muscles de la nuque et des territoires oropharyngés avec des troubles de la déglutition qui entraînent une risque majeur de fausses routes orotrachéales. Le déficit des membres peut être mineur ou absent. Le diagnostic de crise myasthénique est généralement aisé. Le problème est plutôt didentifier une dégradation plus insidieuse de létat dun myasthénique, qui risquerait dévoluer, parfois brutalement, vers la crise proprement dite. La valeur de certains signes ne doit pas être sous-estimée : asthénie croissante pour des efforts musculaires minimes, déglutition laborieuse même sans fausse route, dyspnée même modérée. Traitement de la crise myasthénique - La survenue dune aggravation rapide du déficit musculaire, lapparition de troubles de la déglutition et à fortiori dune dyspnée ou dun encombrement imposent lhospitalisation ( ) ventilation mécanique.
Ventilation mécanique - Lindication de la ventilation mécanique
repose sur des critères cliniques et spirométriques :
Les syndromes myasthéniques sont des désordres de la transmission neuromusculaire, différents de la myasthénie auto-immune, acquis ou génétiques, provoquant un déficit musculaire et une fatigabilité à leffort. Il sagit essentiellement des intoxications organophosphorées qui ne seront pas envisagées ici, du botulisme, du syndrome de Lambert-Eaton et des syndromes myasthéniques congénitaux. Syndrome de Lambert-Eaton
Physiopathologie - Le syndrome de Lambert-Eaton est un syndrome auto-immun
acquis, provoqué par des anticorps dirigés contre les
canaux calciques voltage dépendant de la terminaison nerveuse.
Le résultat est une diminution de la libération des quanta
dacétylcholine dans la fente synaptique.
Symptomatologie clinique - Le syndrome de Lambert-Eaton est caractérisé
par une faiblesse musculaire et une fatigabilité des muscles
des membres, surtout des membres inférieurs et du tronc. Latteinte
oculaire est présente dans 70 % des cas. Latteinte des
muscles respiratoires, nécessitant une ventilation mécanique
est rare, mais des cas de syndrome de Lambert-Eaton révélés
par une insuffisance respiratoire aiguë ont été rapportés.
La force musculaire est réduite au repos mais augmente pendant
quelques secondes au début dun effort maximal pour diminuer
ensuite. Des myalgies, des paresthésies sont possibles. Les réflexes
ostéotendineux sont diminués ou abolis. Quatre-vingts
pour cent des patients ont des signes dysautonomiques : sécheresse
de la bouche, diminution de lacrymation, hypotension orthostatique,
impuissance, anomalies des réflexes pupillaires.
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Muscles
du pharynx, vue latérale
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Les situations où un déficit musculaire primitif sinstalle
de façon aiguë sont dans lensemble assez rares et
se caractérisent par une extrême diversité tant
dans leur présentation que dans leur étiologie Il sagit
là dune série daffections largement du ressort
de la médecine interne concernant une population majoritairement
adulte où les tableaux cliniques nont souvent rien de spécifique.
Le réanimateur devra en permanence naviguer entre deux écueils
: passer à côté dune étiologie curable,
dune part, et méconnaître une pathologie neuromusculaire
chronique sous-jacente, dautre part.
Myosites - Le terme de myossite désigne tous les processus de la fibre musculaire proprement dite, indépendamment de la cause. Les étiologies sont variées et dominées par la pathologie auto-immune.
Elles sont caractérisées par une atteinte inflammatoire du muscle dont létiologie est variée mais très souvent dysimmunitaire. Des progrès récents ont été rélisés dans la compréhension de leur physiopathlogie, notamment en ce qui concerne limmunité cellulaire. Une composante vasculaire est souvent associée et explique en partie la survenue de formes graves.
Les DM touchent aussi bien lenfant que ladulte avec deux pics de survenue (entre 5 et 14 ans, et entre la 5e et 6e décennie). Les PM sont en revanche lapanage des seuls adultes avec une nette prédominance féminine ( ) Les PM et des DM peuvent être primitives et plus rarement secondaires à une collagénose, un processus néoplasique ou un agent extérieur (infectieux, médicamenteux ou toxique). La gravité nest pas corrélée avec létiologie.
Les PM et les DM associent un syndrome musculaire et des signes associés.
Les manifestations cardiaques sont présentes dans la moitié
des cas et peuvent mettre en jeu le pronostic vital (
) Les complications
pulmonaires concourent à la gravité des PM et des DM et
imposent dans certains cas le recours à la ventilation assistée.
Leur cause nest pas univoque. Les pneumopathies de déglutition
sexpliquent facilement du fait de la fréquence de latteinte
pharyngée. Elles sont toujours à redouter, ce dautant
quil nexiste pas de corrélation entre ce risque et
lintensité du syndrome musculaire. Il peut sagir
aussi dun déficit des muscles respiratoires proprement
dits (y compris du diaphragme). Examens complémentaires - ( ) Les enzymes musculaires sont pratiquement toujours augmentées, témoins de la souffrance primitivement musculaire Elles peuvent servir, pour certains auteurs, de marqueur évolutif pour le suivi des patients. Myopathies toxiques - Les mécanismes et les produits incriminés dans la survenue de myopathies toxiques sont fort nombreux
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