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L'ANXIETE - Le Trouble Anxiété Généralisé (TAG) |
L'invention des anxiolytiques modernes (les benzodiazépines en 1960) n'a pas crée une maladie ou un syndrome que l'on aurait par exemple appelé anxiopathie et qui occuperait une place analogue à celle de la dépression. Si l'expression " maladie dépressive " est aujourd'hui couramment employée (et contestée), celle de maladie anxieuse ne l'est pas. L'anxiété est restée plus proche de la notion de symptôme que la dépression, sauf dans quelques cas. Ainsi, depuis 1980, la névrose d'angoisse a-t-elle été divisée en deux catégories : l'attaque de panique et le trouble anxiété généralisée (le TAG). Ces deux syndromes ont rapidement basculé dans le champ des troubles dépressifs parce qu'ils sont mieux traités, paraît-il par les antidépresseurs que par les anxiolytiques. Plus encore, la dépression a gagné du terrain en absorbant d'autres " troubles anxieux ", pour employer la terminologie en vigueur, grâce à l'invention de nouvelles catégories psychiatriques : la dysthymie et l'anxiodépressif. L'angoisse est aujourd'hui un aspect du continent dépressif. Les anxiolytiques ont certes fait l'objet de polémiques à partir du début des années 1980 en France, mais les psychiatres s'accordent pour les considérer comme des médicaments agissant essentiellement sur les symptômes. Il en va autrement de la dépression : innombrables sont les articles rappelant qu'elle est une véritable maladie, sa gravité se mesurant, non seulement à son coût pour la protection sociale, mais aussi et surtout au risque de suicide qu'elle entraînerait bien souvent. C'est pourquoi le traitement chimique est désormais recommandé pour tous les types de dépression et cela quel que soit leur degré d'intensité.
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La dépression est une maladie trompeuse. Les psychoses connaissent certes d'énormes problèmes diagnostiques, mais la spécificité de la dépression est qu'elle est à la fois hétérogène et universelle. L'appréciation de l'effet des médicaments est, d'une part, plus délicate avec les états dépressifs dont la symptomatologie apparente est plus complexe que celle du délire, de l'hallucination et de l'agitation et d'autre part, son échelle sociale est démultipliée (…).
Il y a un étonnement sur la spécificité antidépressive. La littérature médicale est déjà riche, mais aussi " la perplexité des cliniciens " (…) Or, guider le diagnostic et la prescription est essentiel pour les généralistes, d'autant plus, comme le répétera, inlassablement, la Revue du Praticien, qu'ils représentent une partie importante de la clientèle quotidienne. Le point capital est de bien diagnostiquer la pathologie sous-jacente de ces " sujets inadaptés aux conditions de vie " (professionnelle, familiale) qui leurs sont faites. " L'usage d'une molécule " ne doit en aucun cas être séparé de la psychothérapie ; il ne faut jamais perdre de vue que son action symptomatique sur l'anxiété, les tensions émotionnelles ou l'insomnie n'est que palliative, et que " la cause profonde, biologique ou psychologique, doit être soigneusement recherchée et traitée ". (…) L'existence d'une chimiothérapie efficace est considérée comme " un événement de portée considérable (…). Il est maintenant acquis et, dès le début, avec des facilités d'emploi et des pourcentages de succès qui comblent les plus difficiles et convainquent les plus réticents ". Les antidépresseurs apparaissent dans la catégorie des énergisants comme de nouveaux produits à côté des amphétamines (…). (…)
Quand le médecin a diagnostiqué un
syndrome dépressif, il lui faut préciser à quel
type de dépression il a affaire : mélancolique,
endogène, névrotique, réactionnelle, symptomatique
(d'une maladie organique). |
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Epidémiologie : une pathologie du changement La fréquence de la dépression, son étendue et son incidence sur l'état sanitaire de la population en font un problème de santé publique.
Si la tristesse et la douleur morale dominent le tableau dépressif dans la littérature psychiatrique ou dans celle destinée à la médecine générale, les autres symptômes étant leurs conséquences, c'est par l'angoisse, l'insomnie et le surmenage que le thème de la dépression apparaît dans les magazines grand public. (…) C'est par la fatigue que se diffuse le langage de la dépression dans la société française. - L'homme compulsif : l'explosion des addictions. " Le chemin qui va de la dépression aux différentes formes de toxicomanie est de plus en plus fréquemment parcouru " note André Haynal dans son rapport sur la dépression. (A. HAYNAL - " Le sens du désespoir ") Le dépressif, en effet, ne supporte pas la dépression. L'alcoolisme et les toxicomanies aux stupéfiants ou aux médicaments sont des moyens de la combler et peuvent donc être considérés comme des formes d'automédication de la dépression. - L'agir pathologique à la place du conflit psychique. La dépendance est une perte de contrôle de soi sur le plan comportemental, mais qu'en est-il sur le plan psychopathologique ? Le thème des rapports entre toxicomanie et dépression n'est pas neuf chez les psychanalystes. Sandor Rado (…) décrit une " catégorie d'êtres humains qui réagissent aux frustrations de la vie par un type spécial de modifications émotionnelles que l'on peut appeler "dépressions anxieuses". Il y montre comment, chez ces personnes pour lesquelles, le besoin d'euphorisants est aigü, " le moi maintient désormais son auto-estime au moyen d'une technique artificielle ". L'euphorie repousse les manifestations dépressives en alimentant le narcissisme du déprimé qui se sent alors invulnérable. L'arrêt de la prise médicamenteuse peut conduire, selon les cas, au suicide ou à la psychose. Rado conclut son article en soulignant l'existence de cas moins graves dans lesquels " le patient peut, en général, conserver le régime de la réalité et n'user du régime pharmacothymique que comme d'un auxiliaire ou d'un correctif. Il désire, de cette façon, compenser son manque d'assurance dans le régime de la réalité et couvrir un déficit par un artifice".
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La place de la fatigue dans la dépression est discutée depuis longtemps : est-elle un symptôme secondaire ou primordial dans le trouble thymique ? Résulte-t-elle du pessimisme, du désintérêt et de l'absence de motivation du déprimé ? Précède-t-elle l'accès du dépressif proprement dit c'est-à-dire l'apparition du trouble de l'humeur ? A la Salpétrière, Daniel Wildlöcher met au point avec son équipe, à la fin des années 1970, une échelle de " ralentissement psychomoteur ". (…) La douleur morale est la conséquence d'un ralentissement de type psychomoteur. C'est pourquoi la dépression est, selon Daniel Wildlöcher, "un style d'action". Elle est, comme l'angoisse, une réponse comportementale globale. Il développe cette thèse dans un livre publié en 1983 : l'angoisse et la dépression sont deux réponses élémentaires qui fonctionnent secondairement comme des signaux vis-à-vis de l'entourage et vis-à-vis du Moi. L'angoisse réalise bien un comportement mental de lutte vis-à-vis des tensions intérieures et des dangers extérieurs ; le repli dépressif constitue en revanche une attitude protectrice de retrait qui permet au sujet de survivre quand il ne dispose plus de la faculté de lutter ". L'angoisse est un moteur de la lutte, et la dépression son abandon. Il y a dans la dépression, cette psychologie de l'infériorité, une vulnérabilité que connaît beaucoup moins l'angoisse. (PROZAC est la seule marque citée parce qu'elle est devenue un symbole. Prozac est la marque d'une molécule appelée la " fluoxétine ")
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Dictionnaire de Psychopathologie de lenfant et de ladolescent Sous la direction de Didier Houzel, Michel Emmanuelli, Françoise Moggio PUF - Dépôt légal Septembre 2000-09-20.
Langoisse fait partie des émotions les plus humaines et
demeure une interrogation pour les philosophes, quil sagisse
de Kierkegaard, de Sartre, ou de Heidegger. Tout en reconnaissant que
langoisse est partie intégrante de lEtre et de la
condition humaine, la psychopathologie est amenée à sintéresser
à sa pathologie sans pour autant réduire toute angoisse
à une pathologie.
Critères diagnostiques de lEpisode dépressif majeur tels quils sont présentés dans le DSM -IV.
Si lon étudie la structure de lhumeur dépressive, comparant une population dadolescents et dadultes déprimés, lanalyse en composante principale dénombre 3 principaux facteurs :
Le noyau affectif dépressif chez les adolescents se caractérise par une humeur nettement plus réactive que dans celui rencontré chez ladulte.
Dictionnaire de Psychopathologie de lenfant et de ladolescent. Si lon se réfère aux enquêtes épidémiologiques récentes, 7,5 % des garçons et 22,5% des filles, en population générale, en France, se déclarent assez souvent ou très souvent déprimés. (Choquet et Boyer - 1995- ). La prévalence instantanée de la dépression chez ladolescent (désignée de nos jours sous les termes « Episode dépressif majeur ») varie selon les études, de 3 à 7 % dans une population générale allant de 12 à 23 ans. Si lon ne prend en compte que les troubles dépressifs majeurs de ladolescence, une étude a retrouvé une comorbidité de 17 % de troubles oppositionnels et de troubles du comportement et de 33 % de troubles anxieux. Cette donnée épidémiologique confirme la clinique quotidienne, en particulier limportance du trouble anxieux dans la dépression de ladolescence.
Bien quil soit consacré par lusage, le terme dhypersomnie est quelque peu trompeur puisquil suggère un allongement du temps total de sommeil rarement retrouvé en fait. En revanche, il est fréquent quun enfant tombe de sommeil dans la journée ou ait de grandes difficultés à se réveiller le matin, sans augmentation significative de son temps total de sommeil. Il est donc préférable de remplacer le terme de «lhypersomnie » par « troubles de léveil », rendant mieux compte de la réalité. ( ) somnolence diurne excessive. Les principales causes des troubles de léveil chez lenfant et ladolescent : les troubles respiratoires, le syndrome de résistance des voies aériennes supérieures.
Sommeil : létat de veille est interrompu de façon cyclique par le sommeil. Le sommeil est un processus actif qui correspond à une suspension dactivité au niveau du système réticulé activateur ascendant et à son remplacement par une autre activité qui prend naissance dans des structures anatomiques différentes. Le sommeil traduit donc une réorganisation fonctionnelle densemble. Hypersomnie : les troubles de la vigilance diurne ( ) doivent toujours retenir lattention. Lorsquils ne sont pas expliqués simplement par une privation de sommeil, la prise de médicaments sédatifs, ou un trouble psychiatrique (dépression). NEUROLOGIE - Abrégés - J. CAMBIER, M. MASSON, H. DEHEN - (MASSON)
Revue du Praticien - 1er Septembre 1998 - Volume 48 - N° 13 - Avant-propos - Philippe JEAMMET - Département de Psychiatrie de ladolescent et du jeune adulte - Institut Montsouris Paris 14e.
Le suicide demeure une énigme
A ladolescence,
lénigme se double dun scandale. Quel mobile peut
conduire un adolescent à tenter de mettre fin à ses jours
? Linterrogation est dautant plus aiguë que tentatives
de suicide et suicides ne concernent pas particulièrement les
adolescents en situation objectivement difficiles. (
)
Pour un tiers des suicides, chez les jeunes de moins de 25 ans, un état
pathologique associé est mentionné par le médecin.
(
) Pour les jeunes entre 15 et 24 ans, létat pathologique
mentionné pour 71 % des cas se réfère aux états
dépressifs. (1) Baudier F., Chan Chee C., Dressen C., Arenes J. - Enquête OMS-CFES - Comportements de santé des enfants dâge scolaire 11-13-15 ans. ACTUALITE ET DOSSIER EN SANTE PUBLIQUE 1997 ; 19 : 16-23.
La Revue du Praticien - 1er sept. 1998 - Volume 48 - N° 13 - Daniel Marcelli Chez ladulte, dépression et suicide sont fortement liées et la gravité du geste est corrélée avec la profondeur de la dépression. Chez ladolescent, la corrélation suicide-dépression a été longtemps récusée en raison des particularités sémiologiques de la dépression à cet âge. Actuellement, elle nest plus mise en doute comme le montrent les enquêtes épidémiologiques (rétrospectives ou prospectives) chez les adolescents suicidaires ou déprimés.
La prévalence, lincidence, la morbidité des idéations suicidaires et des tentatives de suicide sur une population générale fait lobjet dun autre article dans la présente revue. Nous nous limiterons ici au lien entre tentative de suicide-dépression ou entre idée suicidaire-dépression. ( ) Pour notre part, nous avons réalisé 2 enquêtes sur une population générale. Lune portant sur 465 sujets de 12 à 20 ans (collégiens ou lycéens), lautre sur 1521 sujets de 18 à 24 ans (étudiants), populations représentatives des jeunes scolarisés ou étudiants pur cette tranche dâges (12-24ans). La prévalence des idées de suicide (tout le temps ou souvent) est très significativement corrélée à lintensité de la problématique dépressive (cf tableau). Cette corrélation nexiste pas pour les « pensées sur la mort » en général (pensée ontologique du type : « pourquoi vivre puisquon doit mourir un jour ? », « à quoi ça sert de vivre ? »). De plus, la différence de prévalence entre la population adolescente proprement dite (collégien et lycéen) et la population jeune adulte (étudiants) est significative pour la morosité (idées suicidaires fréquentes : 21 % versus 4,7 %) et dans la population non dépressive (2,4 % versus 0,4 %). On peut voir là le poids de ladolescence en tant que telle ; on constate cependant que la présence didées suicidaires dans la population non dépressive est beaucoup moins fréquente quon la prétendu. Enfin, 68,5 % des étudiants ayant des antécédents de tentative de suicide présentent encore le jour de lenquête des problèmes dépressifs, alors quils ne sont « que » 29,4 % parmi ceux qui nont aucun antécédent de tentative de suicide. En outre, il existe un lien avec la gravité de létat dépressif : les antécédents de tentative de suicide sont dautant plus fréquents que létat dépressif est intense.
Au terme de ces notes épidémiologiques, on peut avancer
les conclusions suivantes :
Idées de
suicide souvent ou tout le temps
Il est possible de consulter sur http://www.ccr.jussieu.fr la bibliographie "Suicide et tentative de suicide chez les adolescents". Association Infosuicide : www.infosuicide.org
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Vous êtes enseignant, proviseur de collège ou de lycée, et vous désirez apporter votre contribution à une Enquête réalisée auprès des élèves de 6e-5e (11-13 ans) et Seconde-Première-Terminale (16-19ans) , merci de vous faire connaître et de laisser vos coordonnées à lAssociation. Cette Enquête porte sur les troubles de santé des Jeunes et leur date dapparition. La phase essentielle de lEnquête consiste en un questionnaire anonyme sadressant à des échantillons délèves (300 à 500-1000 élèves) de chaque groupe. La méthodologie (simple) de lEnquête vous sera communiquée sur votre demande. Les enseignants (professeur déconomie notamment) qui désirent dépouiller les questionnaires et dégager un début danalyse avec un groupe délèves seront bien sûr à même deffectuer ce travail. Si vous êtes parent délève, nhésitez pas à faire connaître auprès dun enseignant, dun proviseur cette Etude. Merci de votre collaboration. Si un enseignant désire effectuer avec ses élèves un travail de réflexion sur problèmes de santé (fatigue chronique, malaise, troubles du sommeil ) et violence, quil nhésite pas à contacter lAssociation sil le désire.
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