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PRET POUR UN TOUR DE FRANCE ? |
![]() Hebdomadaire l'EXPRESS 3O/09/1999 n° 115 Hélène Constanty, Antoine Dreyfus, Julie Joly, Vincent Nouzille et Sylvie O'Dy. Prescriptions inutiles, hôpitaux trop coûteux, praticiens mal contrôlés... Le système de soins français explose et ne remplit plus ses missions. Région par région, l'Express présente 100 cas d'abus révélateurs. (...) Au cours de notre tour de France des dérapages de la santé, durant plusieurs mois, nous avons trouvé un peu de tout. (...) Et beaucoup de questions sans réponses. (...) Pourquoi 40 % des anxiolytiques et des hypnotiques consommés dans les Hauts-de-Seine ne sont-ils justifiés par aucune pathologie ? (...) En réalité, toutes ces histoires révèlent un seul et même scandale, celui d'un système qui explose car il ne remplit plus ses missions. De quoi tordre le cou à une illusion encore répandue chez les Français. Non, ils ne disposent plus du " meilleur système du monde ". (...) : alors que certains chiffrent le montant des gaspillages à 100 milliards de francs chaque année, il est désormais l'un des plus chers et des moins bien remboursés. La France se traîne au 18ème rang des pays développés en ce qui concerne le niveau de remboursement : le malade y paie de sa poche 18 % des frais médicaux, contre 6 à 8 % en Allemagne. Résultat, 25 % de patients ont dû y renoncer à des soins pour des raisons financières. Pis encore,
alors que la France dépense 13350 francs par Français,
son état sanitaire n'est pas meilleur que celui des autres pays
développés. Plutôt plus mauvais en ce qui concerne
les effets néfastes des médicaments. Pourquoi cette triste
" exception " française ? (...) " Le système est
à bout de souffle. Il est urgent de réagir ",
lance un directeur de caisse de Sécu. (...) Certes, l'assurance-maladie
ne sera en déficit " que " de 12 milliards de francs, et ce découvert
sera partiellement compensé par l'excédent des branches
famille et vieillesse.
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![]() Soucieuse de maîtriser l'un de ses principaux postes de dépenses, la CRAM d'Ile de France a lancé une enquête en 1998 sur 8460 actes en Z (radiologie) portant sur le squelette. Résultat : 11 % des dossiers se sont révélés radiographique à image surcôtés ! De plus, 52 % des séances étudiées ont entraîné un examen numérique, une proportion jugée excessive par les experts de la CRAM, qui relèvent par ailleurs "la multiplication de clichés non justifiés par la pathologie". Exemple à l'appui : sur 170 examens radiologiques du genou, seuls 4 cas médicaux le nécessitaient vraiment.(...)J. J.
On les savait
stressés... Les Parisiens relèveraient-ils massivement
de la psychiatrie ? (...) Les psychiatres libéraux sont en tout
cas plus de 1200 à exercer intra-muros (...) Mais l'écart
est encore plus flagrant sur les honoraires remboursés : 664
millions de francs en Ile-de-France en 1996 soit 30 % du montant
global national ! De là à imaginer une surconsommation...
"Les parisiens se posent peut-être plus de questions",
suggère Gérard Bles, président du Syndicat national
des psychiatres privés... J. J. |
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![]() Les malades imaginaires sont légion à l'ouest de Paris, si l'on en croit la CPAM des Hauts-de-Seine. En comparant une étude réalisée en 1993 Contrôlésun jour d'octobre 1997 dans le département,ses experts ont relevé "l'augmentation significative du nombre d'hypnotiques prescrits pour une période supérieure à quatre semaines". Pour plus de la moitié des patients, la durée du traitement dépasse cinq ans. Et dans 4 % des cas la posologie est supérieureau maximum recommandé. La conclusion du rapport est alarmante : "Dans 40 % des cas étudiés, le motif de prescription initial était lié à des symptômes sans pathologie psychiatrique avérée, sans pathologie somatique sévère et sans lien avec un événement familial, social ou professionnel important". De quoi douter de la pertinence des quelque 130 millions de francs remboursés chaque jour en France pour les anxiolytiques et les hypnotiques (...). J. J.
Bonnet d'âne
national pour les honoraires médicaux (+12,8 %),
cancre pour les prescriptions (+14,4 %) championne de
France de la montée des congés de maladie de courte
durée (+ 16,8 %) : la Sécu de Villefranche-sur-Saône
a cumulé les mauvais points en 1998. Aucune épidémie
n'a pourtant frappé l'ancienne capitale du Beaujolais. Alors
? Le directeur de la Caisse évoque pêle-mêle le règlement
de 1998 de vieux dossiers datant de 1997, le dynamisme démographique
de la région et la gestion de 5000 assurés supplémentaires
hérités de la Caisse de Lyon, cadres et retraités
aisés, aux dépenses de santé plus élevées.
Mais ces facteurs n'expliquent pas toute la flambée qui se
prolonge, à un rythme moins soutenu, en 1999. La clef
du mystère, la baisse du chômage ! "L'amélioration
de la situation économique génère probablement
un rattrapage dans la consommation de soins", estime la Caisse.(...)
V. N.
Surprise: dans le premier classement des médicaments consommés dansLa région Rhone-Alpes - réalisé cet été (été 1999) - Le Prozac arrive en tête, avec 45 millions de francs de remboursements en quatre mois, pour 320 000 boîtes ! "Certains généralistes doivent prescrire systématiquement cet antidépresseur au bout de quelques minutes de consultation dès qu'ils ont un malade à problèmes", lâche un médecin de la Sécu. Un argument que réfute le Docteur Bernard Rougier, généraliste à Oullins et secrétaire de l'Union professionnelle de médecins Libéraux de la région: " on veut faire la chasse aux sorcières en agitant des chiffres partiels. Les praticiens ne prescrivent pas n'importe comment. Et rien ne dit qu'il n'y a pas ici plus de dépressions qu'ailleurs... V.N. !
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Les radiologues
rouennais ont eu une petite fièvre de zèle
en 1997 : le montant de leurs actes en Z (électroradiologie)
remboursés par la Sécu a bondi de 17% en un an, pour frôler
80 millions de francs. Sans raison apparente... Des
radios du bras, pas indispensables, s'ajoutaient aux examens du poignet,
celle des jambes aux radios des chevilles... Dans la Seine Maritime,
les honoraires annuels moyens des radiologues
Seraient-ce les courants d'air ? Dans une région d'ordinaire peu dépensière, la Rochelle semble avoir contracté une mauvaise inflammation en 1998. La Caisse locale de Sécu a en effet vu l'an dernier ses remboursements d'honoraires médicaux gonfler de 9,2%, ses prescriptions de 10,2% et ses congés maladie de 14 % ! Une coudée au-dessus des moyennes nationales "Le climat ensoleillé attire ici de plus en plus de personnes âgées qui consomment beaucoup de soins, avance Janine JOLLY, directrice de la Caisse de la Rochelle. Et il y a probablement un effet de l'embellie économique : "les gens hésitent moins à semettre en arrêt maladie". Les contrôles en ce domaine sont peu efficaces. La directrice avoue être désarmée : franchement, nous n'avons pas les moyens de savoir si toutes ces augmentations sont justifiées ou bien si elles relèvent de gaspillages".V. N. A Les prescriptions des quelques 1000 spécialistes de la région dont les honoraires restent sages - dérapent dangereusement : + 9,2% sur les cinq premiers mois de l'année (contre 5,6 % en France), le record national en 1999. Soit 278 millions de francs de remboursements. La moyenne d'âge de nos assurés est plus élevée qu'ailleurs", rappelle Jérôme Lecadet, médecin-conseil reconnaissant pourtantque "l'effet âge" n'est pas la seule explication à cette flambée soudaine. Au hit-parade des plus prescripteurs, on trouve des ophtalmologistes, les gynécologues et, curieusement, les psychiatres. Le taux record d'admission longue durée en psychiatrie des assurés de la région (293 pour 100000 contre 110 pour le nord-est du pays) semble confirmer ce tropisme particulier. Syndrome dépressif au pays des volcans ou surmédicalisation chronique, les experts s'interrogent. J. J.
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